Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/26

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ON NE TUE PAS UNE NATION

Nous l’avons dit ailleurs, l’Europe n’est point un assemblage fortuit, une simple juxtaposition de peuples, c’est un grand instrument harmonique, une lyre, dont chaque nationalité est une corde et représente un ton. Il n’y a rien là d’arbitraire ; chacune est nécessaire en elle-même, nécessaire par rapport aux autres. En ôter une seule, c’est altérer tout l’ensemble, rendre impossible, dissonante ou muette, cette gamme des nations.

Il n’y a que des fous furieux, des enfants destructeurs qui puissent oser mettre la main sur l’instrument sacré, œuvre du temps, de Dieu, de la nécessité des choses, attenter à ces cordes vives, concevoir la