Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/40

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il exigeait d’eux le sublime. Elle les supposait toujours généreux, du moins voulant l’être. Dans le progrès de son histoire, la Pologne semblait marcher vers un gouvernement qui ne s’est pas vu encore en ce monde, un gouvernement de spontanéité, de bonne volonté.

Quel qu’ait été plus tard l’affaissement national, l’orgueil de la noblesse et son esprit d’exclusion, de caste, qui fut un démenti à la générosité antique, il est resté de cet étal sublime des premiers temps une tendance chevaleresque, une étonnante disposition au sacrifice dont nulle nation peut-être n’a donné les.mêmes exemples.

Quoi qu’il en coûte à un Français de l’avouer, nous devons dire, pour être juste, que les gouvernements de la France ont tous usé et abusé de l’amitié de la Pologne, de l’héroïque fidélité des Polonais. Ils l’ont mise aux plus rudes épreuves sans en trouver jamais le fond.

Il est indigne que, dans tant de traités, et sous la République même, à Bâle, à Campo-Formio, à Lunéville, la Pologne ne soit pas même mentionnée. Elle versait alors son sang pour nous, à flots ; elle créait, sous Dombrowski, ces vaillantes légions polonaises qui partout nous ont secondés, égalant, dépassant parfois les plus vaillants des nôtres.

Le cœur saigne à dire la terrible dépense que Napoléon fit du sang des Polonais. Leur docilité, leur