Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/81

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mais sur ce qu’ils appelaient leur nécessaire, sur ce qui constituait la vie même du noble ; ils n’auraient affranchi le paysan qu’en se rapprochant eux-mêmes de la condition du paysan.

Donc la réforme sociale impliquait dans la nation une réforme morale plus difficile encore, le sacrifice non du luxe seulement, mais de certaines habitudes d’élégance chevaleresque, qui, dans les idées du pays, étaient la noblesse même.

Là était la difficulté. Et c’est pour cela que, au moment où la Pologne ne pouvait être sauvée que par une révolution sociale, elle se contenta d’une réforme politique.

Il faut avouer aussi que le souverain qui se constituait alors le protecteur de la Pologne, le roi de Prusse, n’aurait pas permis une réforme plus radicale. Il autorisait la révolution, à condition qu’elle serait nulle et impuissante.

La nouvelle Constitution (5 mai 91) abolissait l’ancien droit anarchique où la résistance d’un seul homme arrêtait une assemblée. Elle admettait les bourgeois aux droits politiques. Elle mettait les paysans sous la protection de la loi. Elle rendait la royauté héréditaire.

Cette faute en entraîna d’autres. On donna l’armée au neveu du roi, un jeune homme sans expérience, et on lui subordonna Kosciusko. Celui-ci, avec quatre mille hommes, vainquit vingt mille Russes. Mais la