Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/89

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les villages, pillaient et ravageaient tout.

L’autre terreur qui semblait paralyser la Pologne lui venait de la France même, des récits épouvantables, horriblement exagérés, que les émigrés faisaient partout de notre révolution. La noblesse polonaise, effrayée par ces récits, ne savait ce qu’elle devait craindre le plus de ses paysans ou des Russes. Elle eut le tort grave de méconnaître l’extrême douceur qui distinguait, entre toutes les populations, le paysan de Pologne. Elle n’eut pas foi au. peuple. C’est pourquoi elle a péri.

Il faut dire qu’autour des nobles il y avait tout. un monde de gens intéressés à entraver la révolution, un monde d’économes, d’intendants, de gens d’affaires, qui sentaient bien qu’elle entraînait l’émancipation de la classe agricole, et changeait de fond en comble l’ordre de choses qui favorisait leurs rapines. Sous le prétexte des travaux agricoles, ils déclarèrent que la levée en masse était impossible, et retinrent les paysans. Kosciusko, s’étant borné à demander seulement un homme sur cinq familles, n’en fut pas mieux obéi. On persécuta les familles des paysans qui partaient. Plusieurs, craignant également la révolution et les Eusses, avaient pris ce moyen terme de présenter leurs paysans à la revue du matin, mais de les faire sauver le soir.

Dans sa déclaration du 7 mai 1794, Kosciusko se