Page:Michelet - La femme.djvu/121

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L’effort même est dans la nature, et il en est le meilleur. J’entends l’effort libre et voulu.




J’ai donné cette explication avant l’heure, et pour répondre à ceux qui critiquent avant d’avoir lu. Je suis fort loin maintenant d’imposer l’effort à la petite créature que j’ai dans les mains. Elle est intelligente, aimante. Mais c’est encore un élément. Dieu me garde, ah ! pauvre petite ! de te parler de tout cela. Ton devoir aujourd’hui, c’est vivre, grandir, manger bien, dormir mieux, courir dans les blés, dans les fleurs. Mais on ne peut courir toujours, et tu seras bien heureuse si ta mère, ta sœur aînée, jouent avec toi, te rendent habile à ces travaux qui sont des jeux.

Le devoir, c’est l’âme intérieure, c’est la vie de l’éducation. L’enfant le sent de très-bonne heure ; nous avons tous, presque en naissant, inscrite au cœur l’idée du juste. Je pourrais lui faire appel. Mais je ne le veux pas encore. Il faut que la vie au complet soit déjà bien constituée, avant qu’on lui crée sa barrière et qu’on limite son action. Ceux qui font grand bruit de morale, d’obligation, avec l’enfant qui n’est pas sûr de vivre encore, qui travaillent à resserrer, circonscrire ce qui au contraire aurait