Page:Michelet - La femme.djvu/18

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Celles-ci, pour ainsi parler, s’absorbent dans leur mari ; elles s’y perdent corps et bien (si elles ont quelque bien). Aussi, elles sont, je crois, plus déracinées que les nôtres de leur famille natale, qui ne les reprendrait pas. La mariée compte comme morte pour les siens, qui se réjouissent d’avoir placé une fille dont ils n’auront jamais la charge désormais. Quoi qu’il arrive, et, quelque part que la mène son mari, elle ira et restera. À de pareilles conditions on craint moins le mariage.




Une chose curieuse en France, contradictoire en apparence et qui ne l’est pas, c’est que le mariage est très-faible, et très-fort l’esprit de famille. Il arrive (surtout en province, dans la bourgeoisie de campagne) que la femme, mariée quelque temps, une fois qu’elle a des enfants, fait de son âme deux parts, l’une aux enfants, l’autre aux parents, à ses premières affections qui se réveillent. — Que garde le mari ? rien. C’est ici l’esprit de famille qui annule le mariage.

On ne peut pas se figurer comme cette femme est ennuyeuse, se renfonçant dans un passé rétrograde, se remettant au niveau d’une mère d’esprit suranné, tout imbu de vieilles choses. Le mari