Page:Michelet - La femme.djvu/19

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vit doucement, mais baisse vite, découragé, lourd, propre à rien. Il perd ce que, dans ses études, dans une jeune société, il avait gagné d’idées pour aller un peu en avant. Il est bientôt amorti par la dame propriétaire, par le pesant étouffement du vieux foyer de famille.

Avec une dot de cent mille francs on enterre ainsi un homme qui peut-être chaque année aurait gagné cent mille francs.

Le jeune homme se le dit, à l’âge du long espoir et de la confiance. D’ailleurs qu’il ait plus, qu’il ait moins ; n’importe : il veut courir sa chance, savoir de quoi il est capable ; il envoie au diable la dot. Pour peu qu’il ait quelque chose qui batte sous la mamelle gauche, il n’ira pas, pour cent mille francs, se faire le mari de la reine.




Voilà ce que m’ont dit souvent les célibataires. Ils m’ont dit encore ceci, un soir que j’en avais chez moi cinq ou six, et de grand mérite, et que je les tourmentais sur leur prétendu célibat.

Un d’eux, savant distingué, me dit très-sérieusement ces propres paroles : « Monsieur, ne croyez nullement, quelques distractions qu’on puisse trouver au dehors, qu’on ne soit pas malheureux de n’a-