Page:Michelet - La femme.djvu/397

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elle-même refleurit chez la femme pure, qu’une vie douce a consolée, embellie. Elle s’harmonise innocente dans l’accord de ses deux amours.

Un homme ne vit-il qu’une fois ? l’âme n’a-t-elle qu’un seul mode de perpétuité ? Outre la durée persistante de notre énergie immortelle, n’avons nous pas en même temps quelque émanation de nous-mêmes en nos amis qui reçurent nos pensées, et parfois continuent les plus chères affections de notre cœur ? Le chaleureux écrivain qui hérita du dernier amour de son maître Bernardin de Saint-Pierre avait quelque reflet de lui. Et dans l’austérité critique d’un éminent historien de ce temps, on eût cru pouvoir reconnaître un grand héritage, s’il est vrai qu’il ait eu le glorieux bonheur de communier avec l’âme du dix-huitième siècle, en madame de Condorcet.




Plusieurs, ou déjà âgées, ou libres parfaitement des soucis de jeunesse, n’accepteraient pas un second mariage. Il leur suffirait d’une adoption.

La veuve peut continuer l’âme du premier époux dans un fils spirituel qu’il lui aurait recommandé. Cette préoccupation peut lui remplir le cœur, lui