Page:Michelet - La femme.djvu/396

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J’entends celui qui aima le mort, celui en qui est son âme, et pour qui la veuve, par cela même qu’elle lui a appartenu, loin de perdre, possède au contraire un charme de plus. La puissance de transformation, inhérente au mariage, qui fait que la femme à la longue, physiquement, moralement, contient une autre existence, elle lui nuirait peut-être, à cette épouse irréprochable, si le second mari n’était la même personne dans l’amour et dans l’amitié.




Pourquoi généralement les veuves sont-elles plus jolies que les filles ? On l’a dit : « L’amour y passa. » Mais, il faut le dire aussi : « C’est que l’amour y est resté. » On y voit sa trace charmante. Il n’a pas perdu son temps à cultiver cette fleur. Du bouton, peu expressif, il a fait la rose à cent feuilles. À chaque feuille, l’attrait d’un désir. Tout est grâce ici, tout est âme. La possession ôte-t-elle ? non, elle ajoute plutôt. Si celle-ci fut heureuse, gardée par une main digne, rendez-la heureuse encore. Dans la brillante fraîcheur, bien plus riche, du second âge, vous n’aurez guère à regretter l’indigente et grêle beauté de sa première jeunesse. La virginité