Page:Michelet - La femme.djvu/460

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Je me figure que cette femme aimée, par un beau jour d’hiver, un doux soleil, ayant eu quelque peu de fièvre, faible, mais mieux pourtant, veut descendre, s’asseoir au jardin. Au bras de sa charmante fille d’adoption, elle va revoir dans leurs jeux les chères petites qu’elle n’a pas vues de huit jours. Les jeux cessent. Elle a autour d’elle cette aimable couronne, les regarde, les voit un peu confusément, mais les caresse encore, et baise celles de quatre ou cinq ans. Souffre-t-elle ? Nullement. Mais elle distingue moins. Elle veut voir surtout la lumière, un peu pâle, qui pourtant se reflète dans ses cheveux d’argent. Elle y tend son regard, en vain, voit moins encore. Je ne sais quelle lueur a rosé ses joues pâles, et elle a joint les mains… Les petites de dire tout bas : « Ah ! comme elle a changé !… Ah ! qu’elle est belle et jeune ! » Et un jeune sourire en effet a passé sur ses lèvres, comme d’intelligence avec un invisible Esprit.

C’est que le sien, encouragé de Dieu, a repris son vol libre, et remonté dans un rayon.


fin.