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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/144

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MON JOURNAL.


même de temps en temps. Peut-être l'âme est-elle fatiguée à la fin de la saison de l’essor que lui a donné le printemps ? Peut-être aussi, et cela me semble plus probable, l’agitation générale que donne un roman trop passionné rend-elle peu capable de toute autre émotion. J’ai déjà remarqué que je ne pouvais lire ces livres de fictions sans me sentir assez sec pour les réalités.

L’amitié, l’humanité, je les sens moins en moi ; je vis tout entier dans mon drame. Ces lectures me sont donc mauvaises. Je ne les ai jamais commencées que je ne m’en sois repenti avant d’avoir fini l'ouvrage,

De retour vers quatre heures, il m’a été impossible de me mettre aux mathématiques. J’étais plutôt en train d’écrire. J’ai fait un peu du Mémorial, puis de l’anglais. Et tout le reste, ajourné au lendemain.

Dimanche 24. — Parti tantôt pour Bicêtre, à jeun. Chemin faisant, je lisais Delphine qu’il faut bien achever. Mon ami était avec son collègue fort occupé de la dissection d’une main. Je n’en éprouvais, en m’approchant, qu’un peu de dégoût à cause de l’odeur qui était très forte. La table du déjeuner était à deux pas, encore toute servie. Malgré le vide de mon estomac, je ne pouvais me décider à déjeuner près de cette pourriture. En