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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/145

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MON JOURNAL.


attendant que ce fût fini, je m’étais mis à la fenêtre. Le vent qui soufflait avec force, la mollesse de la température contribuaient à augmenter le violent mal de tête que j’avais apporté. Je suis reparti comme j’étais venu, sans dire un mot ; mon ami a dû me trouver bien bizarre. La fatigue, la faim, la souffrance me rendaient incapable de penser. Le soulèvement de cœur que j’ai éprouvé semble devoir m’interdire pour longtemps l’anatomie [1].

Lundi et mardi. — Resté comme la tourterelle au nid.

Mercredi 27. — Un billet de M. Bocher m’a tiré de ma réclusion. Il voulait me parler de ses fils. Je lui ai conseillé de ne point abréger leurs vacances et de les laisser aux champs dans le libre exercice de leurs forces physiques. En pareil cas, le repos porte de bons fruits. Le corps se fortifie, le cerveau se dilate et la pensée s’y sent plus à l’aise.

Les vacances achevées, ils reprendront avec plus de goût le travail. En revenant, je suis passé chez le cher Poret que j’ai trouvé. Nous avons parlé delà terre, du ciel et de l’onde, je veux dire,

  1. Michelet y vint pourtant, mais ce ne fut qu’une vision. La mort de son ami interrompit ces études dès leur début. Mme J. M.