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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/152

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MON JOURNAL.


aussi, est mauvais pour lui ; l'air dans lequel il vit est malsain : trop de cadavres ! Sa confiance courageuse m’a prouvé qu’il est convaincu de la préséance que je donne à ses intérêts, et à son avancement, sur tout le reste. Nous nous sommes quittés à cinq heures et j’ai cherché du courage dans Épictète.

Heureusement pour moi, je suis repris dans l’engrenage de mes leçons et déjà je me sens mieux. Il faut à la vie une discipline. J’ai aussi repris ce bon sentiment : mes chagrins personnels ne me font plus oublier qu’il y a, de par le monde, des misères plus grandes. Pour nos rudes climats du Nord, que de maux, pendant l’hiver, affligent l’humanité !

Ce serait le cas d’écrire un livre dont le titre est tout trouvé : De l'emploi de l'argent. Il est vrai que l’incertitude où l’on est de le bien placer refroidit la charité, à tort. Si l’on est trompé, tant pis pour le fripon. Il faut dire comme dans la chanson de l’Aveugle :

« Quelqu’un là-haut vous verra. »

Il serait amusant de faire un petit traité dans le genre de celui de Plutarque, sur Le Plaisir d’être dupe.

Je ne suis cependant pas de ceux qui disent que la mendicité est un métier qu’on peut toujours échanger contre un autre. Ce mot métier, ainsi