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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/153

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MON JOURNAL.


appliqué, me choque. Je comprends que lé vieillard dont les mains débiles ne peuvent plus retenir l’instrument du travail, y ait recours. Tant que nous n’aurons pas créé des caisses de retraite pour la vieillesse, l'aumône sera sa seule et légitime ressource. Hors ce cas, la mendicité doit être interdite. Elle disparaîtrait d’elle-même, en grande partie, si l’État se préoccupait davantage de ce que les parents font de leurs enfants. Il ne doit pas laisser la famille maîtresse dé les livrer au vagabondage ; il doit veiller à ce qu’ils aillent à l'école d’abord, puis en apprentissage. Habitués de bonne heure au travail, on ne les verrait pas, en pleine jeunesse, en pleine vigueur, passer leur temps à tendre la main.

C’est le devoir de l’État de s’occuper de la grande famille humaine dont il est le tuteur naturel, sinon le père immédiat.

Mercredi 25. — Il n’y a pour Poinsot ni Bicêtre, ni Salpêtrière. Il a dû venir chez sa mère, rue d’Angoulême, pour se soigner sérieusement. J’y ai couru par une tempête épouvantable qui a emporté, en une fois, le vaste. toit de zinc de notre terrasse. Sur le chemin, je vois un petit garçon auquel un charretier avait remis son fouet et qui battait le cheval sur la bouche de toutes ses petites forces. Je prends le coquin au collet et