non sans douceur. Je suis donc parti avec mon
écritoire. — Mais arrivé près de lui, je n’ai su
d’abord, si je devais écrire sur un sujet si profane
dans un pareil lieu ? J’ai décidé que je devais à
mon ami comme autrefois, la confidence de mes
sentiments. S’ils ne sont pas dignes de lui être
racontés, je dois les extirper de mon cœur, plutôt
que de les lui cacher.
Cher enfant ! qu’es-tu devenu ?... Pourquoi ne me parles-tu pas ?... Pourquoi l’esprit des morts ne communique-t-il plus avec nous ?... Ta tombe est muette. Que ne t’ai-je près de moi !... Dans l’état affreux où je suis, ton souvenir me revient aussi souvent que le sien. Toi seul m’aurais fait quelque bien. A chaque instant, ces mots s’enfoncent dans toute leur cruauté : « Poinsot est mort, j’ai tout perdu ! »
En rentrant, j’ai trouvé la lettre du recteur (M. Nicolle) qui m’admet au concours d’agrégation. Il doit s’ouvrir le 3 septembre. La première épreuve sera passée au chef-lieu du Conseil royal, rue de l’Université, 15, à huit heures du matin. Ainsi mon sort va se décider. Que de choses à la fois et dans un tel moment !
Jeudi 23. — Ce matin, me raisonnant un peu, j’ai repris mes lectures dans la rue afin d’arrêter l’imagination. Il y a huit jours, je n’aurais pu le