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MON JOURNAL.


manque pour m’assurer le bonheur en faisant autour de moi des études matrimoniales. Heureux le jeune homme que le labeur quotidien dévore, s’il a près de lui une femme qui, ayant été pendant des années son a mie, puisse, un matin, devenir sa compagne ! »

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SEPTEMBRE


Samedi 1er. — Lefebvre vient de nous faire ses adieux. En écoutant tomber la pluie, je lui disais tout le parti que lui, chimiste, pourrait tirer de ce beau titre : Histoire d'une goutte d’eau. Après le concours je ferai peut-être cette folie. Il m’a quitté fort ému et semble s’éloigner de Paris à regret. Moi, je l’envie d’aller se refaire sous nos petits bois de chênes, si riches en souvenirs. Mais peut-être laisse-t-il ici quelque attachement. En ce cas, le corps s’en va et l’âme reste en arrière.

Après son départ, je suis monté au Père-Lachaise, où je ne pourrai revenir qu’après les épreuves du concours. Jamais le cimetière ne m’avait paru si triste, si imposant ! Jamais je ne regrettai davantage mon pauvre ami. Je ne pouvais quitter cette tombe ; j’étais navré de la laisser seule à la pluie pendant la nuit qui approchait. La plus grande partie du ciel était découverte, mais le côté du