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DE MES IDÉES.

d’Eschyle. Car ce serait une sorte de dissertation où l’on ferait du dogme de la fatalité une histoire prolongée jusqu’au christianisme et jusqu’à nos jours ; ouvrage tout composé de citations fondues (mais indiquées avec soin dans les notes). On y parlerait successivement de la croyance de chaque époque, on développerait quelquefois des idées de Lucius, mais sérieusement, comme d’une croyance vraie. Ce serait le livre d’un rêveur du moyen âge qui considérerait comme réel tout ce qu’a jamais cru la majorité du monde civilisé. A la fin de l’ouvrage, on l’amènerait à convenir qu’il y a bien quelque chose à dire contre son système. Ce serait, sous un rapport, une biographie des dieux, mourant faute d’encens, selon l’idée de Parny. Mais la plaisanterie serait trop longue. Mieux vaudrait, pour beaucoup de raisons, s’en tenir à l’Olympe païen. Cela servirait pour la suite comme formule.

30 septembre. — Je crois que pendant ces vacances j’ai embrassé l’univers entier. Mon journal ne donne que la centième partie de tout ce qu’il m’a roulé de projets dans la tête. Tout m’a semblé possible. Comme récréation, j’aimerais à faire une édition française de la correspondance des papes. Ce serait une grande publication dans le genre des Chroniques Guizot. A la réflexion,