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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/37

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XXI
PRÉFACE.

pas une preuve de l’unité de la vie ? Bien loin qu’elle se dissolve à son déclin, ces ricorsi feraient plutôt croire que le cycle ouvert à la naissance, se referme, au contraire, un peu avant la mort. Le vieillard, dans un demi-sourire, tend la main à l’enfant qui fut lui, autrefois.

Mais revenons au Journal. S’il est trop bref lorsqu’il ne donne que le courant ordinaire de la vie quotidienne, en revanche, aux heures qui importent, on trouve ailleurs pour le compléter, plus d’un document précieux. Ainsi, lorsqu’un entretien avec ses Maîtres ou ses camarades a ému Michelet, lorsqu’il est frappé d’une commotion violente ou soudaine, par exemple la mort de Poinsot, la rencontre inopinée de Thérèse, — alors, il écrit à part du Journal, des pages que le trouble du cœur rend vraiment éloquentes. D’autrefois, c’est le brouillon d’une lettre qu’il médite d’envoyer. Il se servait volontiers de cette forme, lorsqu’il voulait faire pénétrer une idée ou accepter un conseil. La date, ou bien encore un mot révélateur, permet, presque toujours, de remettre ces feuillets épars à leur vraie place.