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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/60

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MON JOURNAL.


vous a appris, cent fois, que de mettre ainsi la tête à la fenêtre rend le devoir plus difficile à remplir. Vous vous les êtes faits vous-mêmes, il est vrai, ces devoirs ; ils n’en sont pas moins devenus obligatoires. Quand vous l’oubliez, le journal serait là pour vous le rappeler.

Il vous conseillerait aussi de toujours suivre la droite voie ; vous êtes trop faible pour vous en écarter impunément. La sagesse et la force sont à ce prix. Il vous dirait encore : aimez vos devoirs, vos plaisirs tels qu’ils sont ; la plupart des hommes n’en ont pas de plus grands. S’ils vous semblent peu de chose, souvenez-vous que plus de bonheur mouillerait les ailes de votre âme [1].

Ce qu’il faut aussi reconnaître, bien qu’il vous en coûte, c’est qu’il y a souvent plus de vanité que d’envie d’être utile dans vos instructions. Vous parlez trop quand vous croyez être en veine et pouvoir bien parler. Si vous songiez au nombre de sottises qui doivent échapper et qui sont toujours des sottises, lors même qu’elles ne seraient ni relevées, ni même comprises, vous seriez moins prodigue de vos paroles. Mieux vaut, les trois quarts du temps, laisser ou faire parler les autres. Au revoir ! »

  1. Platon.