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HISTOIRE DE FRANCE

judicieuses posées par M. Abel Rémusat nous apprennent qu’en général une langue étrangère se mêle à la langue indigène en proportion du nombre de ceux qui l’apportent dans le pays. On peut même ajouter, dans le cas particulier qui nous occupe ici, que les Romains, enfermés dans les villes ou dans les quartiers de leurs légions, doivent avoir eu peu de rapports avec les cultivateurs esclaves, avec les colons demi-serfs qui étaient dispersés dans les campagnes. Parmi les hommes même des villes, parmi les gens distingués, dans le langage de ces faux Romains qui parvinrent aux dignités de l’Empire, nous trouvons des traces de l’idiome national. Le Provençal Cornélius Gallus, consul et préteur, employait le mot gaulois casnar pour assectator puellæ ; Quintilien lui en fait reproche. Antonius Primus, ce Toulousain dont la victoire valut l’Empire à Vespasien, s’appelait originairement Bec, mot gaulois qui se retrouve dans tous les dialectes celtiques ainsi qu’en français. En 230, Septime-Sévère ordonne que les fidéicommis seront admis, non seulement en latin et en grec, mais aussi linguâ gallicanâ[1]. Nous avons vu plus haut une druidesse parler en langue gauloise à l’empereur Alexandre-Sévère. En 473, l’évêque de Clermont, Sidonius Apollinaris, remercie son beau-frère, le puissant Ecdicius, de ce qu’il a fait déposer à la noblesse arverne la rudesse du langage celtique.

Quelle était, dira-t-on, cette langue vulgaire des

  1. App. 41.