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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

Gaulois ? Y a-t-il lieu de croire qu’elle ait été analogue aux dialectes gallois et breton, irlandais et écossais ? On serait tenté de le penser. Les mots Bec, Alp, bardd, derwidd (druide), argel (souterrain), trimarkisia (trois cavaliers)[1] ; une foule de noms de lieux indiqués dans les auteurs classiques, s’y retrouvent encore aujourd’hui sans changement.

Ces exemples suffisent pour rendre vraisemblable la perpétuité des langues celtiques et l’analogie des anciens dialectes gaulois avec ceux que parlent les populations modernes de Galles et Bretagne, d’Écosse et Irlande. L’induction ne semblera pas légère à ceux qui connaissent la prodigieuse obstination de ces peuples, leur attachement à leurs traditions anciennes et leur haine de l’étranger.

Un caractère remarquable de ces langues, c’est leur frappante analogie avec les langues latine et grecque. Le premier vers de l’Énéide, le fiat lux en latin et en grec, se trouvent être presque gallois et irlandais[2]. On serait tenté d’expliquer ces analogies par l’influence ecclésiastique, si elles ne portaient que sur les mots scientifiques ou relatifs au culte ; mais vous les rencontrez également dans ceux qui se rapportent aux affections intimes ou aux circonstances de l’existence locale[3]. On les retrouve en même temps chez des peuples qui ont éprouvé fort inégalement l’influence des vainqueurs et celle de l’Église, dans des pays à peu près sans communication et placés dans des situa-

  1. App. 42.
  2. App. 43.
  3. App. 44.