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HISTOIRE DE FRANCE

tions géographiques et politiques très diverses, par exemple, chez nos Bretons continentaux et chez les Irlandais insulaires.

Une langue si analogue au latin a pu fournir à la nôtre un nombre considérable de mots, qui, à la faveur de leur physionomie latine, ont été rapportés à la langue savante, à la langue du droit et de l’Église, plutôt qu’aux idiomes obscurs et méprisés des peuples vaincus. La langue française a mieux aimé se recommander de ses liaisons avec cette noble langue romaine que de sa parenté avec des sœurs moins brillantes. Toutefois, pour affirmer l’origine latine d’un mot, il faut pouvoir assurer que le même mot n’est pas encore plus rapproché des dialectes celtiques[1]. Peut-être devrait-on préférer cette dernière source, quand y a lieu d’hésiter entre l’une et l’autre ; car apparemment les Gaulois ont été plus nombreux en Gaule que les Romains leurs vainqueurs. Je veux bien qu’on hésite encore, lorsque le mot français se trouve en latin et en breton seulement ; à la rigueur, le breton et le français peuvent l’avoir reçu du latin. Mais quand ce mot se retrouve dans le dialecte gallois, frère du breton, il est très probable qu’il est indigène, et que le français l’a reçu du vieux celtique. La probabilité devient presque une certitude, quand ce mot existe en même temps dans les dialectes gaéliques de la haute Écosse et de l’Irlande. Un mot français qui se retrouve dans ces contrées lointaines et maintenant

  1. App. 45.