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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

sentée par un monceau[1]. Les highlanders vous disent en signe d’amitié : « J’ajouterai une pierre à votre cairn (monument funèbre)[2]. » Au dernier siècle, ils ont encore rétabli le tombeau d’Ossian, déplacé par l’impiété anglaise. La pierre monumentale d’Ossian (clachan Ossian) se trouvant dans la ligne d’une route militaire, le général Wade la fit enlever ; on trouva dessous des restes humains avec douze fers de flèche. Les montagnards indignés vinrent, au nombre d’environ quatre-vingts, les recueillir, et ils les emportèrent, au son de la cornemuse, dans un cercle de larges pierres, au sommet d’un roc, dans les déserts du Glen-Amon occidental. La pierre, entourée de quatre autres plus petites et d’une espèce d’enclos, garde le nom de cairn na huseoig, le cairn de l’hirondelle[3].

Le duc d’Athol, descendant des rois de l’île de Man, siège encore aujourd’hui, le visage tourné vers le levant[4], sur le tertre du Tynwald. Naguère les églises servaient de tribunaux en Irlande[5]. La trace du culte du feu se trouve partout chez ces peuples, dans la langue, dans les croyances et les traditions[6]. Pour notre Bretagne, je rapporterai, au commencement du second volume, des faits nombreux qui prouvent quelle est la ténacité de l’esprit breton.

Il semble qu’une race qui ne changeait pas lorsque tout changeait autour d’elle eût dû vaincre par sa persistance seule, et finir par imposer son génie au monde. Le

  1. Humboldt, Recherches sur la langue des Basques.
  2. Logan.
  3. Ibid.
  4. Id.
  5. App. 47.
  6. Voy. les Éclaircissements.