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HISTOIRE DE FRANCE

chaque jour plus dur et plus tyrannique. On sait que la loi gothique a tiré des procédures impériales le premier modèle de l’inquisition.

La domination des Francs était d’autant plus désirée que personne peut-être ne se rendait compte de ce qu’ils étaient[1]. Ce n’était pas un peuple, mais une fédération, plus ou moins nombreuse, selon qu’elle était puissante ; elle dut l’être au temps de Mellobaud et d’Arbogast, à la fin du quatrième siècle. Alors les Francs avaient certainement des terres considérables dans l’Empire. Des Germains de toute race composaient sous le nom de Francs les meilleurs corps des armées impériales et la garde même de l’empereur[2]. Cette population flottante, entre la Germanie et l’Empire, se déclara généralement contre les autres barbares qui venaient derrière elle envahir la Gaule. Ils s’opposèrent en vain à la grande invasion des Bourguignons, Suèves et Vandales, en 406 ; beaucoup d’entre eux combattirent Attila. Plus tard, nous les verrons, sous Clovis, battre les Allemands, près de Cologne, et leur fermer le passage du Rhin. Païens encore, et sans doute indifférents dans la vie indécise qu’ils menaient sur la frontière, ils devaient accepter facilement la religion du clergé des Gaules. Tous les autres barbares à cette époque étaient ariens. Tous appartenaient à une race, à une nationalité distincte. Les Francs seuls, population mixte, semblaient être restés flottants sur la frontière, prêts à toute idée, à toute influence, à

  1. App. 78.
  2. App. 79.