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HISTOIRE DE FRANCE

vées, troublées ; chaque jour la dissolution et la paralysie faisaient quelque nouveau progrès.

« Tous ces liens par lesquels Rome était parvenue, après tant d’efforts, à unir entre elles les diverses parties du monde, ce grand système d’administration, d’impôts, de recrutement, de travaux publics, de routes, ne put se maintenir. Il n’en resta que ce qui pouvait subsister isolément, localement, c’est-à-dire les débris du régime municipal. Les habitants se renfermèrent dans les villes ; là ils continuèrent à se régir à peu près comme ils l’avaient fait jadis, avec les mêmes droits, par les mêmes institutions. Mille circonstances prouvent cette concentration de la société dans les cités ; en voici une qu’on a peu remarquée. Sous l’administration romaine, ce sont les gouverneurs de province, les consulaires, les correcteurs, les présidents, qui occupent la scène, et reviennent sans cesse dans les lois et l’histoire ; dans le sixième siècle, leur nom devient beaucoup plus rare : on voit bien encore des ducs, des comtes, auxquels est confié le gouvernement des provinces ; les rois barbares s’efforcent d’hériter de l’administration romaine, de garder les mêmes employés, de faire couler leur pouvoir dans les mêmes canaux ; mais ils n’y réussissent que fort incomplètement, avec grand désordre ; leurs ducs sont plutôt des chefs militaires que des administrateurs ; évidemment les gouverneurs de province n’ont plus la même importance, ne jouent plus le même rôle ; ce sont les gouverneurs de ville qui remplissent l’histoire ; la plupart de ces comtes de Chilpéric, de Gontran,