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HISTOIRE DE FRANCE

D’autre part, Clovis reconnut dans l’Église le droit le plus illimité d’asile et de protection. À une époque où la loi ne protégeait plus, c’était beaucoup de reconnaître le pouvoir d’un ordre qui prenait en main la tutelle et la garantie des vaincus. Les esclaves mêmes ne pouvaient être enlevés des églises où ils se réfugiaient. Les maisons des prêtres devaient couvrir et protéger, comme les temples, ceux qui paraîtraient vivre avec eux[1]. Il suffisait qu’un évêque réclamât avec serment un captif, pour qu’il lui fût aussitôt rendu.

Sans doute, il était plus facile au chef des barbares d’accorder ces privilèges à l’Église que de les faire respecter. L’aventure d’Attale, enlevé comme esclave si loin de son pays, puis délivré comme par miracle[2], nous apprend combien la protection ecclésiastique était insuffisante. C’était du moins quelque chose qu’elle fût reconnue en droit. Les biens immenses que Clovis assura aux églises, particulièrement à celle de Reims, dont l’évêque était, dit-on, son principal conseiller, durent étendre infiniment cette salutaire influence de l’Église. Quelque bien qu’on mît dans les mains ecclésiastiques, c’était toujours cela de soustrait à la violence, à la brutalité, à la barbarie.


À la mort de Clovis (an 511), ses quatre fils se trouvèrent tous rois, selon l’usage des barbares. Chacun

  1. Lettre écrite par Clovis à un évêque, à l’occasion de sa guerre contre les Goths.
  2. Grégoire de Tours.