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CARLOVINGIENS

L’année suivante (779) fut plus glorieuse pour le roi des Francs ; il entra chez les Saxons encore soulevés, les trouva réunis à Buckholz, et les y défit. Parvenu ainsi sur l’Elbe, limite des Saxons et des Slaves, il s’occupa d’établir l’ordre dans le pays qu’il croyait avoir conquis ; il reçut de nouveau les serments des Saxons à Ohrheim, les baptisa par milliers, et chargea l’abbé de Fulde d’établir un système régulier de conversion, de conquête religieuse. Une armée de prêtres vint après l’armée de soldats. Tout le pays, disent les chroniques, fut partagé entre les abbés et les évêques[1]. Huit grands et puissants évêchés furent successivement créés : Minden et Alberstadt, Verden, Brême, Munster, Hildesheim, Osnabruck et Paderborn (780-802) : fondations à la fois ecclésiastiques et militaires, où les chefs les plus dociles prendraient le titre de comtes, pour exécuter contre leurs frères les ordres des évêques. Des tribunaux élevés par toute la contrée durent poursuivre les relaps, et leur faire comprendre à leurs dépens la gravité de ces vœux qu’ils faisaient et violaient si souvent. C’est à ces tribunaux que l’on fait remonter l’origine des fameuses cours Wehmiques qui, véritablement, ne se constituèrent qu’entre le treizième et le quinzième siècle[2]. Nous avons déjà vu que les nations germaniques faisaient volontiers remonter leurs institutions à Charlemagne. Peut-être le secret terrible de ces procédures aura-t-il rappelé vaguement dans l’imagination des peuples les mesures inquisitoriales employées jadis contre leurs

  1. App. 127.
  2. Grimm.