voix, elle s’efforçait de fléchir, par ses minauderies, l’âme inébranlable de l’empereur, lui disant : Cher prince, mon seigneur, pourquoi perdre l’évêché aux mains de cet enfant ? Je vous en supplie, mon très doux seigneur, ma gloire et mon appui, que vous le donniez plutôt à mon clerc, votre serviteur fidèle. Alors le jeune homme que Charles avait placé derrière le rideau, près de son siège, pour écouter les sollicitations de tous les suppliants, embrassant le roi lui-même avec le rideau, s’écria d’un ton lamentable : Tiens ferme, seigneur roi, et ne laisse pas arracher de tes mains la puissance que Dieu t’a confiée. Alors ce courageux ami de la vérité lui ordonna de se montrer et lui dit : Reçois cet évêché, et aie bien soin d’envoyer, et devant moi et devant toi-même, dans l’autre monde, de plus grandes aumônes et un meilleur viatique pour ce long voyage dont on ne revient pas[1]. »
Toutefois quelle que fût la préférence de Charlemagne pour les étrangers, pour les lettrés de condition servile, il avait trop besoin des hommes de race germanique, dans ses interminables guerres, pour se faire tout romain. Il parlait presque toujours allemand. Il voulut même, comme Chilpéric, faire une grammaire de cette langue, et fit recueillir les vieux chants nationaux de l’Allemagne[2]. Peut-être y cherchait-il un moyen de ranimer le patriotisme de ses soldats ; c’est ainsi qu’en 1813, l’Allemagne ne se retrouvant plus à