Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
HISTOIRE DE FRANCE

son réveil, s’est cherchée dans les Niebelungen. Le costume germanique fut toujours celui de Charlemagne[1], je pense qu’il n’eût pas été politique de se présenter autrement aux soldats.

Le voilà donc jouant de son mieux l’Empire, parlant souvent la langue latine[2], formant la hiérarchie de ses officiers d’après celle des ministres impériaux. Dans le tableau qu’Hincmar nous a laissé, rien n’est plus imposant. L’assemblée générale de la nation, tenue régulièrement deux fois par an, délibérait, les ecclésiastiques d’une part, les laïques de l’autre, sur les matières proposées par le roi ; puis, réunis, ils conféraient avec un maître qui ne demandait qu’à s’éclairer. Quatre fois par an, les assemblées provinciales se tenaient sous la présidence des missi dominici. Ceux-ci étaient les yeux de l’empereur, les messagers prompts et fidèles qui, parcourant sans cesse tout l’Empire, réformaient, dénonçaient tout abus. Au-dessous des missi, les comtes présidaient les assemblées inférieures, où ils rendaient la justice, assistés des boni homines, jurés choisis entre les propriétaires.

  1. « Quand les Francs qui combattaient au milieu des Gaulois virent ceux-ci revêtus de saies brillantes et de diverses couleurs, épris de l’amour de la nouveauté, ils quittèrent leur vêtement habituel, et commencèrent à prendre celui de ces peuples. Le sévère empereur, qui trouvait ce dernier habit plus commode pour la guerre, ne s’opposa point à ce changement. Cependant, dès qu’il vit les Frisons, abusant de cette facilité, vendre ces petits manteaux écourtés aussi cher qu’autrefois on vendait les grands, il ordonna de ne leur acheter, au prix ordinaire, que de très longs et larges manteaux. « À quoi peuvent servir, disait-il, ces petits manteaux ? au lit, je ne puis m’en couvrir ; à cheval, ils ne me défendent ni de la pluie ni du vent, et quand je satisfais aux besoins de la nature, j’ai les jambes gelées. » (Moine de Saint-Gall.)
  2. App. 141.