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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

C’était une vaine entreprise que d’en tenter la résurrection, comme le fit Lothaire. Et avec quelles forces ? Avec l’Italie, avec les Lombards qui avaient si mal défendu Didier contre Charlemagne, Bernard contre Louis-le-Débonnaire. Le jeune Pepin qui se joignit à lui par opposition à Charles-le-Chauve, amenait pour contingent l’armée d’Aquitaine, si souvent défaite par Pepin-le-Bref et Charlemagne. Chose bizarre ! c’étaient les hommes du Midi, les vaincus, les hommes de langue latine qui voulaient soutenir l’unité de l’Empire contre la Germanie et la Neustrie. Les Germains ne demandaient que l’indépendance.

Toutefois ce nom de fils aîné des fils de Charlemagne, ce titre d’empereur, de roi d’Italie, et aussi d’avoir Rome et le pape pour soi, tout cela imposait encore. Ce fut donc humblement, au nom de la paix, de l’Église, des pauvres et des orphelins, que les rois de Germanie et de Neustrie s’adressèrent à Lothaire quand les armées furent en présence, à Fontenai ou Fontenaille près d’Auxerre : « Ils lui offrirent en don tout ce qu’ils avaient dans leur armée, à l’exception des chevaux et des armes ; s’il ne voulait pas, ils consentaient à lui céder chacun une portion du royaume, l’un jusqu’aux Ardennes, l’autre jusqu’au Rhin ; s’il refusait encore, ils diviseraient toute la France en portions égales, et lui laisseraient le choix. Lothaire répondit, selon sa coutume, qu’il leur ferait savoir par ses messagers ce qu’il lui plairait ; et envoyant alors Drogon, Hugues et Héribert, il leur manda qu’auparavant ils ne lui avaient rien proposé de tel, et qu’il