Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
HISTOIRE DE FRANCE

est remarquable par son ton d’humilité. Après avoir récapitulé tous les bienfaits qu’il avait accordés à Wénilon, tous les engagements personnels de celui-ci, et toutes les preuves de son ingratitude et de son manque de foi, il ajoute : « D’après sa propre élection et celle des autres évêques et des fidèles de notre royaume, qui exprimaient leur volonté, leur consentement par leurs acclamations, Wénilon, dans son propre diocèse, à l’église de Sainte-Croix d’Orléans, m’a consacré roi selon la tradition ecclésiastique, en présence des autres archevêques et des évêques ; il m’a oint du saint-chrême, il m’a donné le diadème et le sceptre royal, et il m’a fait monter sur le trône. Après cette consécration, je ne devais être repoussé du trône ou supplanté par personne, du moins sans avoir été entendu et jugé par les évêques, par le ministère desquels j’ai été consacré comme roi. Ce sont eux qui sont nommés les trônes de la Divinité ; Dieu repose sur eux, et par eux il rend ses jugements. Dans tous les temps j’ai été prompt à me soumettre à leurs corrections paternelles, à leurs jugements castigatoires, et je le suis encore à présent[1]. »

Le royaume de Neustrie était réellement une république théocratique. Les évêques nourrissaient, soutenaient ce roi qu’ils avaient fait ; ils lui permettaient de lever des soldats parmi leurs hommes ; ils gouvernaient les choses de la guerre comme celles de la paix. « Charles, dit l’annaliste de Saint-Bertin, avait

  1. App. 173.