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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

annoncé qu’il irait au secours de Louis avec une armée telle qu’il avait pu la rassembler, levée en grande partie par les évêques. » « Le roi, dit l’historien de l’Église de Reims, chargeait l’archevêque Hincmar de toutes les affaires ecclésiastiques, et de plus, quand il fallait lever le peuple contre l’ennemi, c’était toujours à lui qu’il donnait cette mission, et aussitôt celui-ci, sur l’ordre du roi, convoquait les évêques et les comtes[1]. »

Le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel se trouvaient donc réunis dans les mêmes mains. Des évêques, magistrats et grands propriétaires, commandaient à ce triple titre. C’est dire assez que l’épiscopat allait devenir mondain et politique, et que l’État ne serait ni gouverné ni défendu. Deux événements brisèrent ce faible et léthargique gouvernement, sous lequel le monde fatigué eût pu s’endormir. D’une part, l’esprit humain réclama en sens divers contre le despotisme spirituel de l’Église ; de l’autre, les incursions des Northmans obligèrent les évêques à résigner, au moins en partie, le pouvoir temporel à des mains plus capables de défendre le pays. La féodalité se fonda ; la philosophie scolastique fut au moins préparée.

La première querelle fut celle de l’Eucharistie ; la seconde, celle de la Grâce et de la Liberté : d’abord la question divine, puis la question humaine ; c’est l’ordre nécessaire. Ainsi, Arius précède Pélage, et

  1. Flodoard.