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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

accueillies dans un pays qui se séparait de l’Allemagne. Contre le nouveau prédestinianisme s’éleva un nouveau Pélage.

D’abord l’Aquitain Hincmar, archevêque de Reims, réclama en faveur du libre arbitre et de la morale en péril. Violent et tyrannique défenseur de la liberté, il fit saisir Gotteschalk, qui s’était réfugié dans son diocèse, le fit juger par un concile, condamner, fustiger, enfermer. Mais Lyon, toujours mystique, et d’ailleurs rivale de Reims, sur laquelle elle eût voulu faire valoir son titre de métropole des Gaules, Lyon prit parti pour Gotteschalk. Des hommes éminents dans l’Église gauloise, Prudence, évêque de Troyes, Loup, abbé de Ferrières, Ratramne, moine de Corbie, que Gotteschalk appelait son maître, essayèrent de le justifier, en interprétant ses paroles d’une manière favorable. Il y eut des saints contre des saints, des conciles contre des conciles. Hincmar, qui n’avait pas prévu cet orage, demanda d’abord le secours du savant Raban, abbé de Fulde[1], chez lequel Gotteschalk avait été moine, et qui, le premier, avait dénoncé ses erreurs. Raban hésitant, Hincmar s’adressa à un Irlandais qui avait combattu Paschase

  1. Selon quelques-uns, Raban et son maître Alcuin auraient été Scots. (Low.)
    Guillaume de Malmesbury rapporte l’anecdote suivante : « Jean était assis à table en face du roi, et de l’autre côté de la table. Les mets ayant disparu, et comme les coupes circulaient, Charles, le front gai, et après quelques autres plaisanteries, voyant Jean faire quelque chose qui choquait la politesse gauloise, le tança doucement en lui disant : Quelle distance y a-t-il entre un sot et un Scot ? (Quid distat inter sottum et Scotum ?
    ) — Rien que la table, répondit Jean, renvoyant l’injure à son auteur. »