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HISTOIRE DE FRANCE

la famille des Carlovingiens. Ce roi, le premier auquel notre histoire devrait donner le titre de roi de France, par opposition au roi des Francs, est Ode, ou selon la prononciation romaine, qui commençait à prévaloir, Eudes, fils du comte d’Anjou Robert-le-Fort. Élu au détriment d’un héritier qui se qualifiait de légitime, Eudes fut le candidat national de la population mixte qui avait combattu cinquante ans pour former un État par elle-même, et son règne marque l’ouverture d’une seconde série de guerres civiles, terminées, après un siècle, par l’exclusion définitive de la race de Charles-le-Grand. En effet, cette race toute germanique, se rattachant, par le lien des souvenirs et les affections de parenté, aux pays de la langue tudesque, ne pouvait être regardée par les Français que comme un obstacle à la séparation sur laquelle venait de se fonder leur existence indépendante.

« Ce ne fut point par caprice, mais par politique, que les seigneurs du nord de la Gaule, Francs d’origine, mais attachés à l’intérêt du pays, violèrent le serment prêté par leurs aïeux à la famille de Pepin, et firent sacrer roi, à Compiègne, un homme de descendance saxonne. L’héritier dépossédé par cette élection, Charles, surnommé le Simple ou le Sot[1], ne tarda pas à justifier son exclusion du trône en se mettant sous le patronage d’Arnulf, roi de Germanie. « Ne pouvant tenir, dit un ancien historien, contre la puissance d’Eudes, il alla réclamer, en suppliant, la protection

  1. App. 188.