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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

du roi Arnulf. Une assemblée publique fut convoquée dans la ville de Worms ; Charles s’y rendit, et, après avoir offert de grands présents à Arnulf, il fut investi par lui de la royauté dont il avait pris le titre. L’ordre fut donné aux comtes et aux évêques qui résidaient aux environs de la Moselle de lui prêter secours, et de le faire rentrer dans son royaume, pour qu’il y fût couronné ; mais rien de tout cela ne lui profita. »

« Le parti des Carlovingiens, soutenu par l’intervention germanique, ne réussit point à l’emporter sur le parti qu’on peut nommer français. Il fut plusieurs fois battu avec son chef, qui, après chaque défaite, se mettait en sûreté derrière la Meuse, hors des limites du royaume. Charles-le-Simple parvint cependant, grâce au voisinage de l’Allemagne, à obtenir quelque puissance entre la Meuse et la Seine. Un reste de la vieille opinion germanique qui regardait les Welskes ou Wallons comme les sujets naturels des fils des Francs, contribuait à rendre cette guerre de dynastie populaire dans tous les pays voisins du Rhin. Sous prétexte de soutenir les droits de la royauté légitime, Swintibald, fils naturel d’Arnulf et roi de Lorraine, envahit le territoire français en l’année 895. Il parvint jusqu’à Laon avec une armée composée de Lorrains, d’Alsaciens et de Flamands, mais fut bientôt forcée de battre en retraite devant l’armée du roi Eudes. Cette grande tentative ayant ainsi échoué, il se fit à la cour de Germanie une sorte de réaction politique en faveur de celui qu’on avait jusque-là qualifié d’usurpateur.