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HISTOIRE DE FRANCE

rent les princes d’Allemagne ; ils ne firent marcher aucune armée au secours du prétendant Charles, frère de l’avant-dernier roi, et duc de Lorraine sous la suzeraineté de l’Empire. Réduit à la faible assistance de ses partisans de l’intérieur, Charles ne réussit qu’à s’emparer de la ville de Laon, où il se maintint en état de blocus, à cause de la force de la place, jusqu’au moment où il fut trahi et livré par l’un des siens. Hugues-Capet le fit emprisonner dans la tour d’Orléans, où il mourut. Ses deux fils, Louis et Charles, nés en prison et bannis de France après la mort de leur père, trouvèrent un asile en Allemagne, où se conservait à leur égard l’ancienne sympathie d’origine et de parenté.

« Quoique le nouveau roi fût issu d’une famille germanique, l’absence de toute parenté avec la dynastie impériale, l’obscurité même de son origine dont on ne retrouvait plus de trace certaine après la troisième génération, le désignaient comme candidat à la race indigène, dont la restauration s’opérait en quelque sorte depuis le démembrement de l’Empire.

« L’avènement de la troisième race est, dans notre histoire nationale, d’une bien autre importance que celui de la seconde ; c’est, à proprement parler, la fin du règne des Francs et la substitution d’une royauté nationale au gouvernement fondé par la conquête. Dès lors, notre histoire devient simple ; c’est toujours le même peuple, qu’on suit et qu’on reconnaît malgré les changements qui surviennent dans les mœurs et la civilisation. L’identité nationale est le fondement