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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

sur lequel repose, depuis tant de siècles, l’unité de dynastie. Un singulier pressentiment de cette longue succession de rois paraît avoir saisi l’esprit du peuple à l’avènement de la troisième race. Le bruit courut qu’en 981 saint Valeri, dont Hugues-Capet, alors comte de Paris, venait de faire transférer les reliques, lui était apparu en songe et lui avait dit : À cause de ce que tu as fait, toi et tes descendants vous serez rois jusqu’à la septième génération, c’est-à-dire à perpétuité[1]. »

Cette légende populaire est répétée par tous les chroniqueurs sans exception, même par le petit nombre de ceux qui, n’approuvant point le changement de dynastie, disent que la cause de Hugues est une mauvaise cause, et l’accusent de trahison contre son seigneur et de révolte contre les décrets de l’Église[2]. C’était une opinion répandue parmi les gens de condition inférieure, que la nouvelle famille régnante sortait de la classe plébéienne ; et cette opinion, qui se conserva plusieurs siècles, ne fut point nuisible à sa cause[3].

  1. Chronique de Sithiu.
  2. Acta SS. ord. S. Bened., sec. V.
  3. Raoul Glaber, moine de Cluny, mort en 1048, se contente de dire : « Hugues-Capet était fils d’Hugues-le-Grand, et petit-fils de Robert-le-Fort ; mais j’ai différé de rapporter son origine, parce qu’en remontant plus haut elle est fort obscure. » — Dante a reproduit l’opinion populaire qui faisait descendre les Capets d’un boucher de Paris.

    Di me son nati i Filippi i Luigi,
    Per cui novellamente è Francia retta.
    Figliuol fui d’un beccaio di Parigi,
    Quando li regi antichi vener meno,
    Tutti fuor ch’un renduto in panni bigi.