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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

Dans l’abaissement où l’avaient réduite les derniers Carlovingiens, la royauté n’était plus qu’un nom, un souvenir bien près d’être éteint ; transférée aux Capets, c’est une espérance, un droit vivant, qui sommeille, il est vrai, mais qui, en temps utile, va peu à peu se réveiller. La royauté recommence avec la troisième race, comme avec la seconde, par une famille de grands propriétaires, amis de l’Église. La propriété et l’Église, la terre et Dieu, voilà les bases profondes sur lesquelles la monarchie doit se replacer pour revivre et refleurir.

Parvenus au terme de la domination des Allemands, à l’avènement de la nationalité française, nous devons nous arrêter un moment. L’an 1000 approche, la grande et solennelle époque où le moyen âge attendait la fin du monde. En effet, un monde y finit. Portons nos regards en arrière. La France a déjà parcouru deux âges dans sa vie de nation.

Dans le premier, les races sont venues se déposer l’une sur l’autre, et féconder le sol gaulois de leurs alluvions. Par-dessus les Celtes se sont placés les Romains, enfin les Germains, les derniers venus du monde. Voilà les éléments, les matériaux vivants de la société.

Au second âge, la fusion des races commence et la société cherche à s’asseoir. La France voudrait devenir un monde social, mais l’organisation d’un tel monde suppose la fixité et l’ordre. La fixité, l’attachement au sol, à la propriété, cette condition impossible à remplir tant que durent les immigrations de races nou-