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HISTOIRE DE FRANCE

L’avènement d’une dynastie nouvelle fut à peine remarqué dans les provinces éloignées[1]. Qu’importait aux seigneurs de Gascogne, de Languedoc, de Provence, de savoir si celui qui portait vers la Seine le titre de roi s’appelait Charles ou Hugues-Capet ?

Pendant longtemps le roi n’aura guère plus d’importance qu’un duc ou un comte ordinaire. C’est quelque chose cependant qu’il soit au moins l’égal des grands vassaux, que la royauté soit descendue de la montagne de Laon, et sortie de la tutelle de l’archevêque de Reims[2]. Les derniers Carlovingiens avaient souvent lutté avec peine contre les moindres barons. Les Capets sont de puissants seigneurs, capables de faire tête par leurs propres forces au comte d’Anjou, au comte de Poitiers. Ils ont réuni plusieurs comtés dans leurs mains. À chaque avènement ils ont acquis un titre nouveau, pour rançon de la royauté, pour dédommagement de la couronne qu’ils voulaient bien ne pas prendre encore. Hugues-le-Grand obtient de Louis IV le duché de Bourgogne, et de Lothaire le titre de duc d’Aquitaine.

  1. Un moine de Maillezais (Poitou) dit dans sa Chronique : … Regnare Francis rex Robertus forebatur. — Le duc d’Aquitaine, c’était alors (1016) Guillaume de Poitiers, reconnaissait le roi d’Arles pour suzerain.
  2. Déjà Charles-le-Chauve, dans la première époque de son règne, ne voyait que par les yeux d’Hincmar. Ce fut encore Hincmar qui dirigea Louis-le-Bègue et qui fit roi Louis III, comme il s’en vantait lui-même. — Son successeur Foulques fut le protecteur de Charles-le-Simple en bas âge. Il le couronna en 893, à l’âge de quatorze ans, traita pour lui avec le roi Arnulf et avec Eudes, et le fit enfin roi en 898. — Après lui, Herivée ramena à Charles-le-Simple, en 920, ses vassaux révoltés, et raffermit sa royauté chancelante. Seul il vint le défendre avec ses hommes contre l’invasion des Hongrois. — Louis-d’Outre-mer fit la guerre à Héribert avec l’archevêque Arnoul, et lui accorda le droit de battre monnaie.