Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
HISTOIRE DE FRANCE

remarque que déjà les Anglo-Américains ont la face longue et étroite, l’œil serré. West ajoute qu’ils ont le teint moins fleuri que les Anglais. L’œil devient sombre dans le voisinage des mines de charbon, et partout où l’on en brûle (?).

César attribue aux Belges une origine germanique : « …Plerosque à Germanis ortos. » Mais Strabon dit qu’ils parlaient la langue des Gaulois : « Μικρὸν ἐξαλλατοῦντας τῇ γλώσσῃ… » La chronique saxonne parle d’Hengist qui « engagea les Welsh de Kent et Sussex. » Ces Welsh étaient des Belges selon Pinkerton. Les noms des villes belges, en Angleterre, sont bretons.

On ne trouve pas en Angleterre de traces de sang danois. — Les Normands conquérants étaient un peuple mêlé de Gaulois, Francs, Bretons, Flamands, Scandinaves, etc. Les hommes du Nord n’avaient pu exterminer les habitants de la Normandie, ni même diminuer de beaucoup leur nombre, puisque en cent soixante ans ils perdirent leur langue scandinave pour adopter celle des vaincus. Il serait ridicule de chercher les traces en Angleterre d’une population aussi mêlée que l’armée de Guillaume. Il paraît que dès lors les cheveux roux étaient rares, puisque c’était l’objet d’un surnom, Guillaume-le-Roux[1].

Vers York et Lancastre, où l’influence des habitudes manufacturières ne se fait pas sentir, les Anglais sont plus grands, mais plus lourds que dans le sud ; l’œil bleu prévaut dans le comté de Lancastre. Les hommes du Cumberland (ce sont des Cymry, qui ont perdu leur langue plus tôt que ceux de Cornouailles) n’ont rien qui les distingue des Anglais du Midi.

Entre l’Écossais et l’Anglais, il y a une différence indéfinissable ; les traits durs et la proéminence des os des joues ne sont pas particuliers à l’Écosse. Les montagnards sont rarement grands, mais bien faits ; généralement bruns, moins de vivacité qu’en Irlande, taille moins haute, population plus variée. Quoi qu’on dise des établissements des Norwégiens dans l’Ouest, c’est la même langue et la même physionomie que dans les montagnes d’Écosse.

Pays de Galles, variété infinie, nez romain très fréquent, hommes de moyenne taille, mais fortement bâtis ; on dit que la milice de Coemarthenshire demande plus de place pour former

  1. On voit, dans le moine de Saint-Gall, un pauvre qui a honte d’être roux : « Pauperculo valde rufo, galliculà suà quia pileum non habet, et de colore suo nimium crubuit, caput induto… » Lib. I, ap. Scr. Fr, V.