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ÉCLAIRCISSEMENTS

ses lignes que celle d’aucun autre comté. Dans le Nord, taille plus haute, beauté classique, mais traits petits.

L’Irlande plus mêlée que la Grande-Bretagne ; aujourd’hui étonnante uniformité de caractère moral et physique ; deux classes seulement, les bien nourris, les mal nourris. Chez les paysans, cheveux bruns ou noirs, noirs surtout dans une partie du sud, mais l’œil toujours gris ou bleu[1], sourcils bas, épais et noirs, face longue, nez petit, tendant à relever ; grande taille généralement, tous hommes bien faits ; ceci est moins vrai depuis quarante ans, par suite de la misère dans plusieurs parties, surtout au sud. Bouche ouverte, ce qui leur donne un air stupide ; extraordinaire facilité du langage, qui contraste avec leurs haillons. Tout mendiant est un bel esprit, un orateur, un philosophe. Espagnols au sud de l’Irlande depuis Élisabeth. Allemands Palatins des bords du Rhin.

En France, visage rond ; en Angleterre, ovale ; en Allemagne, carré. Les yeux plus proéminents sur le continent qu’en Angleterre. — Ni en Normandie ni en Bourgogne il n’y a trace des hommes du Nord (excepté vers Bayeux et Vire).

Savoyards, petits, actifs ; mâchoire très carrée, œil gris, cheveux noirs, sourcils bas, épais.

Suisses, même mâchoire, hommes plus grands, œil bleu ciel, avec un éclat qui ne plaît pas toujours, cheveux bruns.

Allemands, yeux gris, cheveux bruns ou blond pâle, mâchoire angulaire, nez rarement aquilin, mais bas à la racine ; grande étendue entre les yeux, encore plus qu’en France.

Belges, œil d’un parfait bleu de Prusse, plus foncé autour de l’iris, visage plus long qu’en Allemagne.

Je croirais volontiers (ce que ne dit pas l’auteur) que, par l’action du temps et de la civilisation, les cheveux ont pu brunir, les yeux noircir, c’est-à-dire prendre le caractère d’une vie plus intense.

  1. Moi, je vueil l’œil et brun le teint,
    Bien que l’œil verd toute la France adore.

    Ronsard
    .

    Ode à Jacques Lepeletier, — Legrand d’Aussy, I, 369 : « Les cheveux de ma femme, qui aujourd’hui me paraissent noirs et pendants, me semblaient alors blonds, luisants et bouclés. Ses yeux, qui me semblent petits, je les trouvais bleus, charmants et bien fendus. » (Le Mariage ; Alias : Le Jeu d’Adam, le Bossu d’Arras.)