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APPENDICE

au plus bas des enfers. Comme il en demandait la cause à l’ange qui le conduisait, celui-ci répondit que, par la sentence des saints qui, au futur jugement, tiendront la balance avec le Seigneur, il était condamné aux peines éternelles pour avoir envahi leurs biens. De retour en ce monde, saint Euchère s’empressa de raconter ce qu’il avait vu à saint Boniface, que le saint-siège avait délégué en France pour y rétablir la discipline canonique ; et à Fulrad, abbé de Saint-Denis et premier chapelain du roi Pepin, leur donnant pour preuve de la vérité de ce qu’il rapportait sur Charles-Martel, que, s’ils allaient à son tombeau, ils n’y trouveraient point son corps. En effet, ceux-ci étant allés au lieu de la sépulture de Charles, et ayant ouvert son tombeau, il en sortit un serpent, et le tombeau fut trouvé vide et noirci comme si le feu y avait pris. »


112 — page 228L’Église anglo-saxonne, romaine d’esprit…

Acta SS. ord. S. Ben., sæc. III. Le Pape Zacharie écrit à saint Boniface : « Provincia in quâ natus et nutritus es, quam et in gentem Anglorum et Saxonum in Britanniâ insulâ primi prædicatores ab apostolicâ sede missi, Augustinus, Laurentius, Justus et Honorius, novissime vero tuis temporibus Theodorus, ex græco latinus, arte philosophus et Athenis eruditus, Romæ ordinatus, pallio sublimatus, ad Britanniam præfatam transmissus, judicabat et gubernabat… » Ce Théodore, moine grec de Tarse en Cilicie, avait été envoyé pour remplir le siège de Kenterbury, par le pape Vitalien ; il était fort savant en astronomie, en musique, en métrique, en langues grecque et latine ; il apporta un Homère et un saint Chrysostome. Il était conduit par Adrien, moine napolitain, né en Afrique, non moins savant, et qui avait été deux fois en France. (Usque hodie supersunt de eorum discipulis, qui latinam græcamque linguam æque ut propriam norunt.) Sous eux, le moine northumbrien Benedict Biscop fit venir des artistes de France, et bâtit dans le Northumberland le monastère de Weremouth, selon l’architecture romaine ; les murs étaient ornés de peintures achetées à Rome et de vitres apportées de France. Un maître chanteur avait été appelé de Saint-Pierre de Rome. (Beda, Hist. Abbat. Viremuth.) — Théodore et Adrien eurent pour élèves Alcuin et Aldhelm, parent du roi Ina, le premier Saxon qui ait écrit en latin, selon Camden ; il chantait lui-même ses Cantiones Saxonicæ dans les rues, à la populace. Guill. Malmesbury le qualifie : « Ex acumine Græcum, ex nitore Romanum, ex pompâ Anglum. » (Warton, Diss. on the introd. of learning into England, I, cxxii.)