Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xlii
HISTOIRE DE FRANCE

avait une guirlande de suppliciés. Tel a la corde au cou. Tel a perdu l’oreille. Les mutilés y sont plus tristes que les morts. Combien ils ont raison ! quel effrayant contraste ! Quoi ! l’église des fêtes, cette mariée, pour collier de noces, a pris ce lugubre ornement ! Ce pilori du peuple est placé au-dessus de l’autel. Mais ses pleurs n’ont-ils pu, à travers les voûtes, tomber sur la tête des rois ! Onction redoutable de la Révolution, de la colère de Dieu ! « Je ne comprendrai pas les siècles monarchiques, si d’abord, avant tout, je n’établis en moi l’âme et la foi du peuple. » Je m’adressai cela, et, après Louis XI, j’écrivis la Révolution (1845-1853).

On fut surpris, mais rien n’était plus sage. Après maintes épreuves que j’ai contées ailleurs et où je vis de près l’autre rivage, mort et rené, je fis la Renaissance avec des forces centuplées. Quand je rentrai, que je me retournai, revis mon moyen âge, cette mer superbe de sottises, une hilarité violente me prit, et au seizième, au dix-septième siècle, je fis une terrible fête. Rabelais et Voltaire ont ri dans leur tombeau. Les dieux crevés, les rois pourris ont apparu sans voile. La fade histoire du convenu, cette prude honteuse dont on se contentait, a disparu. De Médicis à Louis XIV