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HISTOIRE DE FRANCE

Le bon roi Dagobert, Louis-le-Débonnaire, Robert-le-Pieux, Louis-le-Jeune, saint Louis, sont les types de cet honnête roi. Tous vrais saints quoique l’Église n’ait canonisé que le dernier[1], celui qui fut puissant. Le scrupuleux Louis-le-Jeune est déjà saint Louis, mais moins heureux, et ridicule par ses infortunes politiques et conjugales. La femme tient grande place dans l’histoire de ces rois. Par ce côté, ils sont hommes ; la nature est forte chez eux : c’est presque l’unique intérêt pour lequel ils se mettent quelquefois mal avec l’Église ; Louis-le-Débonnaire pour sa Judith, Lothaire II pour Valdrade, Robert pour la reine Berthe, Philippe Ier pour Bertrade ; Philippe-Auguste pour Agnès de Méranie. Dans saint Louis, forme épurée de la royauté du moyen âge, la domination de la femme est celle d’une mère, de Blanche de Castille. On sait qu’il se cachait dans une armoire quand sa mère, l’altière Espagnole, le surprenait chez sa femme, la bonne Marguerite.


Louis-le-Gros, sur son lit de mort, reçut le prix de cette réputation d’honnêteté qu’il avait acquise à sa famille. Le plus riche souverain de la France, le comte de Poitiers et d’Aquitaine, qui se sentait aussi mourir, ne crut pouvoir mieux placer sa fille Éléonore et ses vastes États qu’en les donnant au jeune Louis VII, qui succéda bientôt à son père (1137). Sans doute aussi, il n’était pas fâché de faire de sa fille une reine.

  1. App. 87.