Adhel, et lui offrit sa sœur. Déjà Henri II avait menacé le pape de se faire mahométan. On assure que Jean offrit réellement aux Almohades d’apostasier pour obtenir leurs secours. Ces rois d’Angleterre étaient étroitement unis avec le Languedoc et l’Espagne. Richard donna une de ses sœurs au roi de Castille, l’autre à Raimond VI. Il céda même à celui-ci l’Agénois, et renonça à toutes les prétentions de la maison de Poitiers sur Toulouse. Ainsi les hérétiques, les mécréants, s’unissaient, se rapprochaient de toutes parts. Des coïncidences fortuites y contribuaient ; par exemple, le mariage de l’empereur Henri VI avec l’héritière de Sicile établit des communications continuelles entre l’Allemagne, l’Italie et cette île toute arabe. Il semblait que les deux familles humaines, l’européenne et l’asiatique, allassent à la rencontre l’une de l’autre ; chacune d’elles se modifiait, comme pour différer moins de sa sœur. Tandis que les Languedociens adoptaient la civilisation moresque et les croyances de l’Asie, le mahométisme s’était comme christianisé dans l’Égypte, dans une grande partie de la Perse et de la Syrie, en adoptant sous diverses formes le dogme de l’incarnation[1].
Quels devaient être dans ce danger de l’Église le trouble et l’inquiétude de son chef visible ! Le pape avait depuis Grégoire VII réclamé la domination du monde et la responsabilité de son avenir. Guindé à
- ↑ Le mahométisme se réconcilie en ce moment dans l’Inde avec les religions du pays, comme avec le christianisme au temps de Frédéric II. (Note de 1833.)