Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
393
GUERRE DES ALBIGEOIS

mois de janvier 1215, et de nouveau le 15 juin, ils lui firent signer l’acte célèbre, connu sous le nom de Grande Charte. L’archevêque de Kenterbury, Langton, ex-professeur de l’Université de Paris, prétendit que les libertés qu’on réclamait du roi n’étaient autres que les vieilles libertés anglaises, reconnues déjà par Henri Beauclerc dans une charte semblable[1]. Jean promettait aux barons de ne plus marier leurs filles et veuves malgré elles ; de ne plus ruiner les pupilles sous prétexte de tutelle féodale ou garde-noble ; aux habitants des villes de respecter leurs franchises ; à tous les hommes libres de leur permettre d’aller et venir comme ils voudraient ; de ne plus emprisonner ni dépouiller personne arbitrairement ; de ne point faire saisir le contenment des pauvres gens (outils, ustensiles, etc.) ; de ne point lever, sans consentement du parlement des barons, l’escuage ou taxe de guerre (hors les trois cas prévus par les lois féodales) ; enfin, de ne plus faire prendre par ses officiers les denrées et les voitures nécessaires à sa maison. La cour royale des plaids communs ne devait plus suivre le roi, mais siéger au milieu de la cité, sous l’œil du peuple, à Westminster. Enfin, les juges, constables et baillis devaient être désormais des personnes versées dans la science des lois. Cet article seul transférait la puissance judiciaire aux scribes, aux clercs, aux légistes, aux hommes de condition inférieure. Ce que le roi accordait à ses tenanciers immédiats, ils devaient à leur tour l’accorder

  1. Hallam soupçonne ici une fraude pieuse.