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LOUIS IX

de son temps, entreprit bien des choses à la fois, et plus qu’il ne pouvait : en France, d’abaisser la royauté ; en Bretagne, d’être absolu, malgré les prêtres et les seigneurs. Il s’attacha les paysans, leur accorda des droits de pâture, d’usage du bois mort, des exemptions de péage. Il eut encore pour lui les seigneurs de l’intérieur du pays, surtout ceux de la Bretagne française (Avaugour, Vitré, Fougères, Châteaubriant, Dol, Châteaugiron) ; mais il tâcha de dépouiller ceux des côtes (Léon, Rohan, le Faou, etc.). Il leur disputa ce précieux droit de bris, qui leur donnait les vaisseaux naufragés. Il luttait aussi contre l’Église, l’accusait de simonie par-devant les barons, employait contre les prêtres la science du droit canonique qu’il avait apprise d’eux-mêmes. Dans cette lutte, il se montra inflexible et barbare ; un curé refusant d’enterrer un excommunié, il ordonna qu’on l’enterrât lui-même avec le corps.

Cette lutte intérieure ne permit guère à Mauclerc d’agir vigoureusement contre la France. Il lui eût fallu du moins être bien appuyé de l’Angleterre. Mais les Poitevins qui gouvernaient et volaient le jeune Henri III, ne lui laissaient point d’argent pour une guerre honorable. Il devait passer la mer en 1226 ; une révolte le retint. Mauclerc l’attendait encore en 1229, mais le favori d’Henri III fut corrompu par la régente et rien ne se trouva prêt. Elle eut encore l’adresse d’empêcher le comte de Champagne d’épouser la fille de Mauclerc[1]. Les barons, sentant la faiblesse de la

  1. App. 122.