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HISTOIRE DE FRANCE

ligue, n’osaient, malgré toute leur mauvaise volonté, désobéir formellement au roi enfant, dont la régente employait le nom. En 1228, sommés par elle d’amener leurs hommes contre la Bretagne, ils vinrent chacun avec deux chevaliers seulement.

L’impuissance de la ligue du Nord permit à Blanche et au légat qui la conseillait, d’agir vigoureusement contre le Midi. Une nouvelle croisade fut conduite en Languedoc. Toulouse aurait tenu longtemps, mais les croisés se mirent à détruire méthodiquement toutes les vignes qui faisaient la richesse du pays. Les indigènes avaient résisté tant qu’il n’en coûtait que du sang. Ils obligèrent leur comte à céder. Il fallut qu’il rasât les murs de sa ville, y reçut garnison française, y autorisât l’établissement de l’inquisition, confirmât à la France la possession du bas Languedoc, promît Toulouse après sa mort, comme dot de sa fille Jeanne, qu’un des frères du roi devait épouser[1]. Quant à la haute Provence, il la donnait à l’Église : c’est l’origine du droit des papes sur le comtat d’Avignon. Lui-même il vint à Paris, s’humilia, reçut la discipline dans l’église de Notre-Dame, et se constitua, pour six semaines, prisonnier à la tour du Louvre. Cette tour, où six comtes avaient été enfermés après Bouvines, d’où le comte de Flandre venait à peine de sortir, où l’ancien comte de Boulogne se tua de désespoir, était devenue le château, la maison de plaisance, où les grands barons logeaient chacun à son tour.

  1. App. 123.