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HISTOIRE DE FRANCE

longtemps, soit pour attendre son frère Alphonse qui lui amenait sa réserve, soit peut-être pour s’orienter dans ce monde nouveau. Il y fut amusé par les ambassadeurs des princes d’Asie, qui venaient observer le grand roi des Francs. Les chrétiens vinrent d’abord, de Constantinople, d’Arménie, de Syrie ; les musulmans ensuite, entre autres les envoyés de ce Vieux de la Montagne dont on faisait tant de récits[1]. Les Mongols mêmes parurent. Saint Louis, qui les crut favorables au christianisme d’après leur haine pour les autres mahométans, se ligua avec eux contre les deux papes de l’islamisme, les califes de Bagdad et du Caire.

Cependant les Asiatiques revenaient de leurs premières craintes ; ils se familiarisaient avec l’idée de la grande invasion des Francs. Ceux-ci, dans l’abondance, s’énervaient sous la séduction d’un climat corrupteur. Les prostituées venaient placer leurs tentes autour même de la tente du roi et de sa femme, la chaste reine Marguerite, qui l’avait suivi.

Il se décida enfin à partir pour l’Égypte. Il avait à choisir entre Damiette et Alexandrie. Un coup de vent l’ayant poussé vers la première ville[2], il eut hâte d’attaquer ; lui-même il se jeta dans l’eau l’épée à la main. Les troupes légères des Sarrasins, qui étaient en bataille sur le rivage, tentèrent une ou deux charges, et, voyant les Francs inébranlables, elles s’enfuirent à toute bride. La forte ville de Damiette, qui pouvait résister, se rendit dans le premier effroi. Maître d’une

  1. App. 127.
  2. App. 128.