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LOUIS IX

à l’élévation de la royauté en France, et la ruinèrent en Angleterre et en Allemagne.

Pour imposer à l’Angleterre l’esprit du Midi, il eût fallu des armées permanentes, des troupes mercenaires, et beaucoup d’argent. Henri III ne savait où en prendre ; le peu qu’il obtenait, les intrigants qui l’environnaient mettaient la main dessus. Il ne faut pas oublier d’ailleurs une chose importante, c’est la disproportion qui se trouvait nécessairement alors entre les besoins et les ressources. Les besoins étaient déjà grands ; l’ordre administratif commençait à se constituer ; on essayait des armées permanentes. Les ressources étaient faibles, ou nulles ; la production industrielle, qui alimente la prodigieuse consommation du fisc dans les temps modernes, avait à peine commencé. C’était encore l’âge du privilège ; les barons, le clergé, tout le monde, avaient à alléguer tel ou tel droit pour ne rien payer. Depuis la Grande Charte surtout, une foule d’abus lucratifs ayant été supprimés, le gouvernement anglais semblait n’être plus qu’une méthode pour faire mourir le roi de faim.

La Grande Charte ayant posé l’insurrection en principe et constitué l’anarchie, une seconde crise était nécessaire pour asseoir un ordre régulier, pour introduire entre le roi, le pape et le baronnage un élément nouveau, le peuple, qui peu à peu les mit d’accord. À une révolution il faut un homme ; ce fut Simon de Montfort ; ce fils du conquérant du Languedoc était destiné à poursuivre sur les ministres poitevins d’Henri III la guerre héréditaire de sa famille contre